Le Dimanche c’est fait pour se reposer. Alors que j’étais en train de traîner sur internet, une photo d’une voiture « française », postée sur la page facebook “amis de POA” (groupe facebook de passionnés administré de main de maître par les amis Lucas Verot et Frédéric Seyrat), a attiré mon attention. Aussitôt la photo publiée, un fidèle lecteur de Boîtier Rouge, Mathis, indiquait qu’il s’agissait d’une TagAZ Aquila (lire aussi : TagAZ Aquila). Ça ressemblait à une TagAZ effectivement, mais de toute évidence cela n’en était pas une. La ligne inimitable et le logo étaient bien les mêmes mais les couleurs semblaient actuelles, la photo de catalogue trop soignée pour être issue d’un catalogue Russe vieux de 5 ans et surtout il était indiqué “Made in France” Voilà comment mon dimanche s’est transformé en enquête.
Après une petite recherche en règle sur internet, je retrouve le site internet du constructeur, et là, grosse surprise. Voici ce qui se cache derrière ce modèle : “La PS160 est le premier modèle du tout nouveau constructeur Français MPM Motors. Made in France et tout équipée, elle est déjà disponible sur le marché et son prix ne vous laissera pas indifférent !” Il y a donc un constructeur français qui vient de lancer un coupé 4 portes, copie conforme de la TagAZ Aquila. Un modèle à l’histoire sombre produit au compte goutte dans le fin fond de la Russie, qui désormais serait donc assemblé en France. Seul Boitier Rouge pouvait s’intéresser de près à ça.
Mais avant tout il faut revenir sur l’histoire mouvementée de l’Aquila. TagAZ est un constructeur Russe, ou plutôt un assembleur connu pour vendre une gamme de modèles issus de différentes marques. En 2012, ils présentent L’Aquila, un coupé 4 portes aux lignes originales et à la finition bâclée. La voiture est construite sur un châssis cage en acier sur lequel sont visés les éléments de carrosserie en fibre de verre et la mécanique. Les livraisons commencent en 2013, la presse Russe est invitée à tester la voiture. J’ai lu et regardé ce qui s’en disait à l’époque. Si tout le monde saluait la nouveauté, la qualité de finition semblait déjà à l’époque très approximative. Vis apparentes dans tout l’habitacle, matériaux tous droits sortis des années 80, portes qui ne ferment que rarement à la première tentative.
La conception de la voiture elle même ne plaisait pas à tout le monde au pays des Soviets. L’accessibilité à bord étant le principal grief. Sur YouTube, on peut trouver un essai hilarant effectué par des confrères russes. On y voit un solide gaillard ayant toutes les peines du monde à grimper à l’arrière de L’Aquila. Celui ci finissant par sauter la tête la première dans l’habitacle. Sensation de confinement accentuée par les vitres latérales dignes de meurtrières et les imposants baquets à l’avant. La principale raison est simple à comprendre : au début l’Aquila devait être un vrai coupé 2 portes mais alors que la conception est bien avancée, les Russes réclament au bureau d’étude Coréen concepteur de l’engin de rajouter deux portes à l’arrière. Claustrophobes s’abstenir. Concernant les vitres électriques celles ci ont bien du mal à remonter. Pour le confort il suffit de voir la mine des journalistes Russes sur les passages de bosses pour comprendre qu’on part de loin. Et après me direz vous ? Pas grand chose. On ignore combien d’Aquila furent réellement produites (on parle de 250 à 270 exemplaires) et on finira par perdre la trace de cet OVNI.
la TagAZ Aquila, version russe d’origine, recyclée en France sous le nom de MPM PS160
N’ayant aucune info sur le net, j’ai contacté le service presse du nouveau constructeur Français. Voilà ce que j’ai appris. Tout d’abord, oui il s’agit bien d’une TagAZ Aquila mais « entièrement revue et corrigée en France ». C’est en tout cas le discours officiel, la PS 160 reprenant trait pour trait le design de son ancêtre jusqu’au logo et son aigle (Aquila en latin). MPM Motors est située à Croissy sur Seine (dans les Yvelines) et disposerait d’une équipe de 50 personnes, d’un bureau d’études et de design ainsi que d’une ligne de montage. Sur le site de la marque l’historique ne mentionne pas le passé Russe et évoque une start up fondée en 2010 et une usine de production en région parisienne lancée en Janvier 2016. Sur la même page trône le logo où il est mentionné MPM 1998. La communication est en rodage. Quand j’ai demandé ce que signifiaient les initiales MPM, on m’a répondu « top secret ». Mais l’automobile n’a pas de secret pour vous lecteurs de Boîtier Rouge et après quelques heures de recherches je peux vous dire que ça désigne “Mikhaïl Paramonov Motors” du nom du fondateur de la marque et ancien patron de TagAZ et de Doninvest (qui avait produit des Berlingo en Russie par le passé : Doninvest Orion M), qui vit désormais en France. D’après mon interlocuteur de nombreux points ont fait l’objet de modifications sur la PS160. La partie présentation et finition aurait été revue avec notamment de nouveaux matériaux. L’assemblage des modèles français est réalisé sans robots, à la main comme sa cousine Aquila.
De manière générale c’est toute la conception de la voiture qui est amenée à être repensée. La PS160 continuera à être développée au cours de sa commercialisation et les premiers acheteurs pourront bénéficier de mises à jour régulières. Elle dispose d’un moteur Mitsubishi délivrant 106 chevaux, posé sur un châssis tubulaire et une carrosserie composite. C’est une 4 portes, 4 places de 1225 kilos. A vérifier, son clone Russe étant annoncé à 1400 kilos. Elle mesure 4,68 mètres ce qui en fait une sorte de coupé élancé. On dispose d’une palette de 19 combinaisons de couleurs, unies ou bicolores. L’équipement annonce l’ABS, un seul Airbag, les sièges baquet en cuir, système audio 8 hauts parleurs, la climatisation, un système d’alarme et des jantes 18 pouces. Le tout livré pour un tarif de 12 990 euros et une garantie de 3 ans ou 100 000 km !
La PS160 est homologuée en Europe et le but est de la commercialiser également chez nos voisins. En france elle dispose d’une homologation pour petites séries, à l’instar d’une PGO ou d’une Bolloré Bluecar (ou son homologue Citroën e-Mehari). Cela implique d’en vendre moins de 1000 exemplaires par an. Ce qui serait déjà une belle performance. Une homologation euro 6 serait à l’étude. Coté sécurité, l’Aquila avait en son temps était projetée contre un mur à 56 km/h lors d’un crash test Russe avec succès. L’Euro NCap européen fracasse lui les véhicules à 64 km/h, difficile d’en savoir plus sur ce chapitre.
Le tarif est attractif mais je rappelle que nous n’avons pas encore vu la voiture “en vrai”. L’assemblage des pré-séries a commencé et sachez que vous pouvez la commander depuis jeudi dernier en contactant la marque. La vente se fait en direct mais un réseau de concessions est appelé à se développer. Il y a d’ailleurs sur le site Le Bon Coin un exemplaire à vendre chez un professionnel (MPM PS160 à vendre sur Le Bon Coin). Mais alors que faut il attendre de MPM Motors ? S’agit il de doux dingues ou assistons nous à la naissance d’un nouveau constructeur français avec qui il faudra compter ? Je vous avoue que ma première réaction a été pour le moins dubitative mais force est de constater que la voiture existe et qu’elle roule. Un showroom ouvrira ses portes dans le 17éme arrondissement de Paris, dans les prochaines semaines. Le recrutement est ouvert avec l’embauche de 150 personnes dont beaucoup d’ingénieurs. La PS 160 n’est qu’une première étape vers le développement d’une vraie gamme avec deux SUV et pourquoi pas une sportive. Chez MPM on ne donne pas d’objectifs de vente, le premier objectif étant de se faire connaître et de durer dans le temps.
Difficile de se faire un avis sur un tel projet. On peut saluer l’audace de cette entreprise et leur souhaiter de réussir. En tous cas voilà une histoire typiquement Boitier Rouge ! Nous sommes impatients de pouvoir toucher la voiture et l’essayer. Nous ne manquerons pas de suivre de près cette aventure. A suivre …
Le Site de MPM Motors : http://www.mpm-motors.com/
La page Facebook : MPM Motors Company sur Facebook
Images: MPM Motors et TagAZ
